Guillaume Amfrye de Chaulieu
Gravure par Charles Devrits
Guillaume Amfrye de Chaulieu est né au château de Beauregard à Fontenay-en-Vexin en 1639 (département
de l’Eure actuel).
A cette époque, les cadets de familles nobles devaient entrer dans les
ordres. Comme il se trouvait dans cette situation peu enviable et qu’il était
impossible de s’y soustraire, bien qu’il n’eût pas la vocation, il devint donc
l’abbé de Chaulieu, car sa famille possédait la seigneurie de Chaulieu,
actuellement dans la Manche.
Son père, maître des comptes à Rouen, l’envoya faire ses études au collège
de Navarre où il montra tôt l’esprit qui devait le distinguer. Il obtint la
faveur du duc de Vendôme qui lui fit obtenir, entre autres bénéfices
ecclésiastiques, l’abbaye d’Aumale. Le duc
de Vendôme et son frère Philippe (1), grand prieur des chevaliers de Malte en France, se réunissaient à cette
époque au Temple où ils formaient autour d’eux une société épicurienne.
Portrait de Louis
Joseph, duc de Vendôme, Maréchal de France, 1706, par Murat
Il fréquenta alors le Temple, un salon où Philippe de Vendôme, le Grand
Prieur, réunissait des hommes d’esprit, des libres penseurs, adeptes d’Epicure.
Là, Chaulieu donnait libre cours à sa verve. Mais les plaisirs plus bassement
matériels n'étaient pas oubliés. Le repas occupait une place importante. Ne
fait-il pas partie des plaisirs simples de la vie ?…..Ces Messieurs aimaient
beaucoup l’omelette au lard. Goûts simples on le voit…..On trouvait là autour
de la table les habitués, comme le chevalier de Bouillon, le marquis de La Fare
(2), Chaulieu bien sûr, mais aussi parfois La
Fontaine, ou encore Ninon de Lenclos qui ne dédaignait pas les parties fines.
Philippe de
Vendôme, le Prieur de Vendôme (1)
Au collège de Navarre il se lia avec les fils de La Rochefoucault, l'abbé et
le prince de Marsillac, qui fut grand veneur de France et gouverneur du Berry.
Il se lia également avec les princes de Vendôme, le duc et son frère le grand
prieur, et c'est surtout à leur influence qu'il dut les avantages matériels de
sa situation dans la suite.
Chaulieu devint le compagnon de toujours et le conseiller des deux princes.
De bonne humeur, il goûta la poésie; il dit avoir lu tous les poètes
français, anciens et modernes, et avait tenu d'eux tous ses principes, ses
modèles et sa doctrine poétique, mais en se l'incorporant de telle manière que
rien des autres n'est passé en lui sans y avoir été transformé et être devenu
comme original. Il profita également de l'enseignement de La Chapelle, et il en
parle avec une fausse modestie, comme d'un maître qui lui fit tant d'honneur et
à qui il craint d'en rendre si peu. Il eut également une très grande affection
pour le marquis de la Fare (2), si bien que la
postérité les a faits, eux et leur œuvre poétique, presque inséparable.
Jean III Sobieski,
Roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie
En 1665, il accompagna en Pologne le marquis de Béthune, envoyé
extraordinaire vers Jean III Sobieski (3), nouvellement marié à Mlle de la Grange d'Arquiem (4), belle-sœur du marquis de Béthune.
Marie Casimire
Louise de La Grange d'Arquien (1676)
L'amitié que lui portait l'envoyé de Louis XIV lui faisait espérer trouver,
à l'occasion de ce voyage, une carrière profitable. Il ambitionnait une place
de résident général ou de chargé d'affaire de Pologne à Paris. Les lettres
qu'il écrit à sa belle-sœur - son frère Jacques était conseiller au Parlement
de Rouen - nous renseignent sur les incidents du voyage et nous disent
l'impression que lui firent les Polonais.
Il fit cette expédition en Pologne dans l’espérance de faire carrière à la
cour du roi Jean III.
Il accompagna Jean Sobieski dans une expédition en Ukraine, revint à Paris
sans avoir réussi dans ses ambitions polonaises dans un état misérable et ne
retira de son voyage qu'une bonne opinion de soi et une fierté "qui
paraîtra extraordinaire pour un homme dont les affaires ne sont pas en meilleur
état que les miennes".
Il s'attache alors aux princes de Vendôme, et obtint, grâce à l'influence
du grand prieur, un nombre estimable de bénéfices ; celui de Saint Georges en l'île d'Oléron, qui
pouvait valoir de 27 000 à 28 000 livres de rentes, ceux de Pouriers, de Renel,
de Saint Etienne.
Il fut également abbé d'Aumale, non pas dès 1680 comme on l'a cru, mais en
juin 1682, remplaçant Geoffroy-Alexandre de Jarente. Mais, d'ici comme
d'ailleurs, il ne cherchait sans doute qu'à recevoir de l'argent, et Aumale ne
devait pas lui apporter de gros avantages. Il commença par en retirer des
procès. Jacques Nicolas Colbert,
archevêque de Rouen (5), en faisant la
visite de l'abbaye, la trouva dans un état piteux. La voûte du chœur menaçait
ruine, au point que l'on ne pouvait y célébrer l'office sans péril, la nef
était abattue, la maison abbatiale tombée en partie, le reste des bâtiments
s'effondrait. La clôture faisait défaut. Le promoteur prit des réquisitions
pour la tenue des comptes, et il demandait que les revenus de l'abbé fussent
saisis pour le rétablissement du chœur, du cloître, des chambres conventuelles
et de la maison abbatiale si besoin en était.
Jacques Nicolas
Colbert, archevêque de Rouen
L'archevêque fit sienne les demandes et un procès s'ensuivit devant le
Parlement. Les réparations à faire étaient évaluées à 80 000 livres, ce qui
représentait plus de vingt années du revenu de la maison. Le procès dura
longtemps et, le 8 août 1698, un arrêt déchargea l'abbé de Chaulieu et son
successeur des réparations et réédifications, ce qui fait penser qu'il était
encore abbé vers cette date. Cependant un acte de 1697 le qualifie de ci-devant
abbé. Il résigna ses fonctions en faveur de M. de Lépine, sous qui fut effectuée
la sécularisation à laquelle l'abbé Anfrie avait déjà songé, puis renoncé, et
qui transféra les revenues de la mense conventuelle à la paroisse Saint Pierre
et érigea une collégiale de six chanoines.
Un incident plus extraordinaire que tout s'était produit sous son
gouvernement. Comme peu de temps après la Ligue d'Augsbourg, le commerce
s'était trouvé interrompu entre la France et l'Angleterre, le plomb était vendu
très cher, des malfaiteurs s'étaient introduit dans l'église, avaient violé les
tombeaux et dérobés les cercueils, laissant épars les ossements. Aucune action
ne fut intentée contre les coupables, si bien que l'on supposa que l'abbé
lui-même était au moins complice.
L'abbé ne séjourna pas à Aumale et peut-être même n'y était-il jamais allé.
Lié avec les Vendôme, il accompagna le duc en Provence, prit part à toutes les
fêtes et les raconte dans un style rabelaisien. Il se réjouit de la bonne chère
que l'on fait, mais aurait besoin d'un bon coup d'épingle dans le ventre pour
le désenfler". Il semble s'être figuré que, si la couronne passait au
dauphin, son patron aurait toute l'autorité et que lui-même pourrait gouverner
l'état et arriver à la pourpre des cardinaux. Le duc de Vendôme avait songé à
lui demander d'écrire le récit de ses campagnes, mais le projet n'eut pas de
suite.
Sa conduite auprès du duc de Vendôme parut suspecte. Son maître était d'une
absolue incurie; son frère, le grand prieur, et l'abbé de Chaulieu s'occupaient
de la dépense et traitaient avec les créanciers, notamment lorsque le roi eut
acquis l'hôtel de Vendôme pour lui permettre de rétablir l'ordre de ses
affaires. En 1699, l'abbé fut congédié, avec une pension de 6 000 livres. Il
suivit alors la fortune du grand prieur.
Bien qu'il ait un revenu de plus de 30 000 francs en bénéfices, il
considérait sa situation comme intermédiaire entre l'aisance et la pauvreté; il
se servait de son argent pour ses plaisirs, pour aider ses amis et aussi pour
se pousser dans les milieux où l'on aimait les jouissances et l'esprit.
Il éprouva diverses infirmités, des attaques de goutte, dont la première
survint en 1695, et qui se multiplièrent dans la suite. Ce lui fut l'occasion
de poésies, si bien que ses amis le félicitaient presque d'un accident qui
était une occasion de faire de l'esprit. Il n'ignorait pas l'origine de son
mal. Vénus et Bacchus sont les père et mère des maux dont il souffre, mais il
veut demeurer tranquille et gai au milieu de ses peines.
Sa première œuvre fut un rondeau satirique contre Benserade, à propos de la
traduction en rondeaux des métamorphoses d'Ovide. Dans la suite, il chanta les
voluptés, l'amour, les femmes. Plusieurs de ses vers ont été inspirés par Mme
d'Aligre aussi célèbre par son esprit que par la bonté de son âme, d'autres par
sa maîtresse, Mlle Rochois, de l'Opéra. A la fin de sa vie, il se lia avec Mlle
de Launay, depuis la baronne de Staël, pour laquelle il conçut un sentiment
d'amitié qui était presque de l'amour, et qui fut l'occasion d'accès d'humeur,
de prétentions et de caprices.
Charles Perrault –
Gravure
En 1703, Charles Perrault (6) meurt. Son siège à l’Académie Française se trouve
libre, et Chaulieu pense que la place est pour lui, d’autant plus que le duc de
Vendôme le protège. L'affaire était sur le point de réussir quand le traducteur
Tourreil combattit la candidature et parvint à faire élire le premier président
de Lamoignon, lequel refusa cet honneur qu’il n’avait pas sollicité. Mais le
roi n’aimait pas Vendôme! D’autre part, la morale trop libre de Chaulieu ne lui
plaisait pas. Louis XIV ravala sa rancœur contre la refuse de Lamoignon et
proposa l’abbé de Rohan, futur cardinal et évêque de Strasbourg, qui fut élu.
Depuis cette époque et pour ne pas se heurter au refus d’un nouvel élu,
l’Académie décida que nul n’obtiendrait un siège s’il n’avait auparavant
manifesté son intention en allant solliciter les suffrages des autres
Immortels.
Dans ses dernières années, Chaulieu passa beaucoup de son temps à la petite
cour de la duchesse du Maine à
Sceaux où il devint l’ami de confiance et dévoué de Marguerite de Launay, avec qui il a entretenu une correspondance
intéressante. Il excellait dans le genre des «vers de société». Fontenay
et la Retraite sont parmi les mieux connues de ses poésies d’inspiration
anacréontique.
Mais les années passaient inexorablement. Agé de 80 ans, il célébrait encore l'amour. Il
tombe amoureux de Mademoiselle de Launay,
future Madame de Staël (7). “Vous rendre heureuse…vous donner des plaisirs ”
lui écrit-il….sérieusement. Elle lui répond finement que chacun donne ce qu’il
peut, pas plus...et ce fut comme son chant de cygne.
Sentant venir sa fin, et souhaitant être enterré dans le cimetière de son
village natal, il légua à l’église 4 000 livres pour les frais et la
célébration d’une messe annuelle à sa mémoire. Ce libertin qui chantait la
gloire du vin au sortir de table où il avait bu plus que de raison décéda le 27
juin 1720 et mourut dans des sentiments tout opposés à ceux qu'il avait
affichés durant sa vie, s'attirant les sarcasmes de Voltaire, plus dignement
qu’il n’avait vécu.
Il avait dit peu avant : “La mort est simplement le terme de la
vie….Pourquoi craindre Dieu puisqu’il est l’infinie bonté ? ”
Ses obsèques furent marquées par une scène à la fois douloureuse et
bouffonne. On raconte en effet que l'ecclésiastique qui accompagnait son corps
s'enivra, demeura à l'aube et que le valet de chambre se rendit seul chez le
curé de Fontenay en Vexin, où il arriva vers minuit. Il réveilla le curé, qui
crut à une plaisanterie, refusa d'ouvrir l'église et fit envoyer le cercueil au
cimetière qu'il supposait vide. Il reconnu dans la suite son erreur, s'en
excusa, mais ne fut pas moins blâmé et punit par l'archevêque de Rouen.
Son œuvre:
Ses travaux ont
été édités avec ceux de son ami le marquis de La Fare en 1724, 1750 et 1774.
Ses poésies
furent éditées pour la première fois en 1724 à Amsterdam, sous le titre de
poésies de M. l'abbé de Chaulieu et de M. le marquis de la Fare et furent
réimprimées de nombreuses fois.
L'on voit dans ses vers, dit La Harpe, les négligences d'un esprit
paresseux, mais en même temps le bon goût d'un esprit délicat.
Ses Poésies sont des œuvres faciles, légères et badines. Il dit qu'il ne
composait pas ses pièces en vue de l'impression; il reconnaît qu'elles lui ont
peu coûté et qu'il n'a cherché qu'à représenter les sentiments de son cœur. Il
ne s'astreint pas à suivre strictement les règles de la poétique ; il varie le
tour de ses vers qui, parfois, sont entremêlés de prose, comme s'il voulait
justifier ce qu'il dit de sa paresse en n'employant le vers qu'au moment où
l'inspiration lui vient avec facilité
Abbé Chaulieu & Marquis
de la Fare – Poésies. A
Amsterdam : Chez Etienne Roger, 1724.
Edition originale. (2) 176 pages.
195x125 mm.
Edition originale collective de ces deux poètes badins l’un protégé par les
ducs de Vendôme, l’autre ami de Chaulieu fut sous-lieutenant de la compagnie
des gendarmes du dauphin a la fin du 17ème siècle. On y trouve des
poésies légères abordant les thèmes du cocuage, de Bacchus, de sodome…
Reliure de l’époque plein veau brun lisse à 5 nerfs ornés de fleurons et
caissons dorés ; pièce de titre sur cuir marron.
OEUVRES DE L’ABBE DE
CHAULIEU. Tomes 1 et 2. Amsterdam
/ Paris : chez David, Prault, Durand, 1757. Illustrateur : Cochin
(dessins) / Fessard (graveur)
In-12, 14x7,5; CLXVI- 151-360 pp.; nouvelle édition. Reliure plein veau
marbré; dos lisse orné de fleurons dorés avec titre et tomaison sur pièces de
maroquin; 1 gravure en front. (datée de 1748) et 2 vignettes en bandeau:
dessins de Cochin gravés par Fessard. tranches marbrées. Mors fendus, travail
de ver sur le dos au niveau des coiffes ; coiffes rognées; 1 coin
émoussé;intérieur propre et en bon état. L'auteur commente et critique la présentation
de précédentes éditions, ce qui peut intéresser les bibliophiles. A noter dans
le tome1, 165 pp d'avertissements et d'éloges. Contenu: avis des libraires
(édition de 1731); avertissement de l'éd. de 1733; avertissement sur cette
nouvelle éd. ; lettres; poésies diverses; stances, rondeaux, ballades;
madrigaux odes; épîtres.
LETTRES INÉDITES DE L ABBÉ
DE CHAULIEU, précédées d
une notice par M. le Marquis de Bérenger. Paris Comon éditeur 1850, 1850. in-8,
164 pp.
Notes :
(1) Philippe de Vendôme était un ami des lettres, il mena dans son Palais du
Temple à Paris la vie la plus fastueuse et souvent la plus scandaleuse. Il
protégea notamment l’abbé mondain Chaulieu, ainsi que le peintre Jean Raoux,
ancien élève comme Hyacinthe Rigaud, d’Antoine Ranc à Montpellier; Raoux qui
laissa de lui un portrait célèbre.
(2) Charles Auguste est le fils de
Charles de La Fare et de Jacqueline de Borne, il est un poète et mémorialiste français. Capitaine
des gardes du corps de Philippe d'Orléans, il entra d'abord dans la carrière
militaire et servit avec distinction sous le maréchal de Turenne, dont il
devint l'ami, durant les campagnes de 1667 et 1674. Une rivalité amoureuse avec
Louvois, secrétaire d'État à la Guerre, à propos de Madame de Rochefort,
l'amena à quitter le service. Il s'éprit de Marguerite de La Sablière puis
rompit avec elle en 1679. Après une brève passion pour la célèbre actrice la
Champmeslé, il vécut alors en épicurien, paresseux et amateur de bonne chère :
Chaulieu dit de lui qu'il était « formé de sentiments et de volupté, rempli
d'une aimable mollesse ». Ses vers, gracieux et faciles, sont à son image. Ils
chantent les charmes du repos et le plaisir de l'instinct satisfait et furent,
selon leur auteur, composés par amusement et sans les chercher.
(3) Jean III Sobieski, né le 17
août 1629 au château d'Olesko, près de Lviv en Galicie qui faisait à l'époque
partie de la République des Deux Nations, aujourd'hui en Ukraine et mort le 17
juin 1696 à Varsovie au palais de Wilanów, fut roi de l’Union de
Pologne-Lituanie de 1674 à 1696 et Grand-duc de Lituanie. Il est inhumé dans la
crypte royale de la Cathédrale du Wawel à Cracovie. Une salle du musée du
Vatican lui est dédiée.
(4) Marie Casimire Louise de La Grange
d'Arquien, nommée en Pologne Maria Kazimiera, et surnommée Marysienka, née
à Nevers le 28 juin 1641, décédée le 30 janvier 1716 à Blois (France) fut reine
de Pologne de 1674 à 1696.Elle est la fille d'Henri Albert de La Grange
d'Arquien, issu de la moyenne noblesse du Nivernais et de Françoise de La
Châtre. Dès l'âge de cinq ans, elle accompagne comme dame de compagnie
Marie-Louise de Gonzague-Nevers, qui devient reine de Pologne (1645-1672).Dès
1656, elle rencontre Jean Sobieski mais est d'abord mariée à Jan Sobiepan
Zamoyski (le 3 mars 1658). Ce dernier meurt en 1665 et Marie Casimire Louise de
La Grange d'Arquien épouse Jean III Sobieski le 5 juillet de la même année. Ils
ont ensemble quatorze enfants, dont seuls quatre survivent. Parmi eux, Jacques
Louis Henri Sobieski et Thérèse Cunégonde Sobieska, épouse de l'électeur de
Bavière Maximilien-Emmanuel. Jean Sobieski est élu roi de Pologne en 1672 et
règne à partir de 1674. Comme reine de Pologne, Marie Casimire Louise de La
Grange d'Arquien soutient une éventuelle alliance avec la France. Elle honore
de sa bienveillance le modeste, droit et pieux, savant moine bénédictin de la
Congrégation de Saint-Maur: Dom Claude Devic (1670-1734) à l'occasion de son
séjour à Rome à partir de 1701.
(5) Jacques-Nicolas
Colbert, né le 14 février 1655 à Paris où il est mort le 10 décembre 1707, est
un ecclésiastique français. Fils du ministre Colbert, il a pour tuteur le
théologien Noël Alexandre. Docteur en Sorbonne, il est abbé du Bec-Hellouin,
prieur commendataire et seigneur spirituel et temporel de la Charité-sur-Loire
en 1665, d'Ambierle, de Saussure et de Saint Just de Troyes. Élu à l’Académie
française grâce à l’influence de son père, il remplace Jacques Esprit le 20
août 1678 et est reçu le 31 octobre par Racine. Très vite, il est donné comme
coadjuteur, le 2 février 1680, à François IV Rouxel de Médavy, auquel il
succéda en 1691. Il avait également été nommé archevêque in partibus de
Carthage le 29 avril 1680. Le 21 juillet 1685, à la tête du clergé de France,
il harangue Louis XIV, en faveur des protestants. Colbert intégra également
l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dont il fut l'un des premiers
membres. «Le grand mérite dont il avait fait preuve, ses connaissances en
théologie, les études approfondies auxquelles il s’était livré sur les matières
religieuses, le rendaient précieux pour un diocèse où il fallait convaincre par
la parole […]. L’Archevêque Colbert était d’ailleurs très empreint des idées de
la Cour »
Il fait réaliser par
Mansart et Le Nôtre d'importants travaux de restauration au château de Gaillon,
qui servait de résidence d'été aux archevêques de Rouen; il est également le
restaurateur du prieuré de La Charité-sur-Loire.
(6) Charles Perrault, né le 12
janvier 1628 à Paris où il est mort le 16 mai 1703, est un homme de lettres
français, célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye. Auteur de textes religieux,
chef de file des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Charles
Perrault est l'un des grands auteurs du XVIIe siècle. L'essentiel de son
travail consiste en la collecte et la retranscription de contes issus de la
tradition orale française. Il est l'un des formalisateurs du genre littéraire
écrit du conte merveilleux.
(7) Anne-Louise Germaine Necker,
baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël, née et morte à Paris, 22 avril 1766 - 14 juillet
1817), est une romancière et essayiste française d'origine genevoise. Issue
d'une famille de suisses protestants richissimes, Germaine est la fille du
banquier Jacques Necker (plus tard ministre des finances du roi de France Louis
XVI), et de Suzanne Curchod (originaire du canton de Vaud), elle est élevée
dans un milieu d'intellectuels nantis, qui fréquentent assidûment le salon de
sa mère (Buffon, Marmontel, Grimm, Edward Gibbon, l'abbé Raynal et
Jean-François de La Harpe). Elle épouse en 1786 le baron Erik Magnus de
Staël-Holstein (1749-1802), ambassadeur du roi Gustave III de Suède auprès de
la cour de France à Versailles, son aîné de dix-sept ans. La fortune de son épouse
permet au diplomate scandinave de mener un train de vie qui rehausse l'éclat de
sa patrie aux yeux des Français. Le couple se séparera en 1800. Devenue baronne
de Staël, elle mène une vie sentimentale agitée, et entretient en particulier
une relation orageuse avec Benjamin Constant, écrivain et homme politique franco-suisse,
rencontré en 1794. Elle est surtout connue pour avoir popularisé en France les
œuvres romantiques des auteurs de langue germanique, jusqu'alors relativement
méconnues dans ce pays.